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Carême 2020

10 mars 2020

un carême avec Marthe Robin

1ère semaine de Carême

CE QUE MARTHE ROBIN DIT DE LA PRIÈRE.

Marthe a été une âme de prière. Enfant déjà, elle aimait prier.
“J’avais toujours mon chapelet ds ma poche et en route je le disais.”
Sa dévotion d’enfant l’a aidée à garder le lien avec Dieu à l’heure de l’épreuve.
La maladie l’ayant privée de toute possibilité d’action, le Seigneur lui a montré la puissance de la prière, sa fécondité.
Comment s’étonner qu’elle en soit devenue un témoin privilégié ? Elle en montre la beauté, l’importance et la fécondité.
Chaque fois qu’on allait la rencontrer, l’entretien se terminait par la prière, même quand le temps était dépassé et qu’on frappait à la porte. Et combien d’entretiens elle a terminé avec ces mots: “on va prier”. C’était sa manière de laisser le dernier mot à Dieu.

N’imaginez pas que Marthe avait une idée rigide de la prière. Non la prière pour Marthe était une rencontre d’amour.
“L’oraison est un commerce intime avec Dieu; c’est un enfant qui parle avec son Père, une épouse avec son Époux, une amie avec son Ami, une créature aimée, créée par amour, avec son Créateur souverainement, uniquement aimé.”
Pour Marthe, cette rencontre d’amour peut et doit se faire de bien des manières et dans n’importe quelle circonstance avec une grande liberté. Afin que toute notre vie soit baignée par la prière.
“Prière du cœur constamment, prière des lèvres de temps à autre…”
“Prions avant de parler, avant de travailler; prions dans l’action, prions dans le repos, prions au milieu des foules, prions dans la solitude, prions partout, prions sans interruption.”

Le cœur à cœur avec Dieu nous console, nous apaise, nous fortifie, nous transforme.
“Qui dira ce que la prière peut mettre et répandre dans une âme, de vérité, de paix, de force, de consolation, d’espérance? Elle n’est pas seulement de la lumière, elle est de la chaleur, elle est de la vie…
Si l’âme est triste, elle la relève; si elle dort, elle l’éveille; si elle est joyeuse, elle la modère; si elle est dans les ténèbres, c’est le rayon divin qui doucement descend sur elle et la ravit en Dieu.”
“L’âme devient belle en se nourrissant de la Beauté… elle devient bonne en s’abreuvant à la Bonté… elle devient aimante en s’inondant dans l’Amour.”

Mais la prière a ses exigences. Elle est une décision, un engagement. Il ne s’agit pas de prier du bout des lèvres.
“Ne récitons pas notre prière, prions-la. C’est l’âme qui doit commander nos mouvements. C’est l’âme qui doit ployer nos genoux, incliner notre corps. C’est l’âme qui doit joindre nos mains, abaisser nos paupières ou plonger nos regards vers le ciel. C’est l’âme qui, montant vers Dieu, entraîne tout l’être à sa suite.”
“Il ne faut jamais rester au seuil de son âme, il faut rentrer à l’intérieur, y descendre, y réfléchir, y méditer, y travailler et s’y laisser travailler… face à face avec Dieu! Que de pauvres humains ne vivent jamais avec leur âme et restent au seuil toute leur vie. Que de saintes pensées effleurent notre esprit sans le pénétrer, elles ressemblent aux épaves qui flottent sur l’Océan et que le vent emporte. Pour qu’une vérité devienne nôtre, il ne faut point y passer rapidement dessus, mais s’y arrêter, y réfléchir, s’y fixer.”

Au-delà du lien d’amitié qui s’établit entre celui qui prie et celui qui est prié, la prière fait de nous des apôtres.
“La prière est une puissance d’apostolat mise à notre disposition. S’il y avait quelque chose de meilleur pour nous que la prière, Notre-Seigneur nous l’aurait appris; mais il a enseigné et il nous recommande surtout de veiller et de prier… de faire pénitence…
La prière est d’une conséquence infinie!”
“Une seule âme de beauté suffit pour purifier bien des souillures! une seule âme de bonté suffit pour racheter bien des laideurs! une seule âme d’amour suffit pour faire sombrer bien des haines…”

En ce temps de carême, Marthe nous interroge. Quelle place faisons-nous à la prière? Notre prière est-elle un acte d’amour? Vient-elle du plus profond de nous-mêmes, de l’âme? Parlons-nous à Dieu comme un ami avec son Ami?
En faisons-nous une puissance d’apostolat en intercédant pour les besoins de nos frères et ceux du monde?
(Marie Françoise Vincent)

2ème semaine de Carême

Comment MARTHE ROBIN a-t-elle vécu L’AUMÔNE?
Très jeune Marthe a appris à partager son goûter avec les pauvres qui passaient à la maison. Comme elle disait elle-même, elle avait «un cœur à aimer le monde», elle aimait partager et rendre service.
«J’aimais beaucoup les malades et j’aurais franchi monts et vaux si on m’avait laissé faire, pour aller voir un malade, non pour le soigner mais pour l’aimer.»
Vouée à l’inaction par la maladie, il lui a été très douloureux de renoncer au bien qu’elle aurait aimé faire.
L’Esprit Saint lui a montré, au cœur de sa pauvreté, le chemin qu’elle pouvait prendre à l’exemple de la veuve de l’Évangile qui, dans sa misère, jette dans le trésor du Temple «tout ce qu’elle avait pour vivre» (Mc 12, 44). Elle a donné à Dieu non son superflu, mais ce qu’elle avait, mieux encore, ce qu’elle était.
Cela a commencé très simplement, très humblement. Au lieu de se replier sur elle-même et de peser sur les autres, elle a décidé de faire oublier ses souffrances pour offrir à ceux qui l’entouraient son sourire, sa gaieté.
«Je m’entends de mieux en mieux à dissimuler ce qui a trait, tout ce qui peut rappeler que je suis malade, et à taire les maux dont je souffre constamment et desquels je ne parle que très peu.
Etre toujours gaie, toujours joyeuse, même dans l’affliction… C’est si bon! C’est de là que j’ai compris la valeur d’un sourire accueillant, le bénéfice d’une sérénité habituelle transformant mélancolie et tristesse en saint contentement.
L’amabilité, c’est la charité qui se donne, c’est la patience qui supporte, c’est la force et la paix qui se transmettent d’un seul cœur au cœur de tous… » (31 mars 30)

On est venu de plus en plus nombreux dans sa petite chambre. Elle a passé des heures à recevoir, à écouter, à consoler, à encourager. Quelle attention, quelle présence à chacun !

«Faites que toutes les personnes qui m’approchent me quittent consolées quand elles pleurent, relevées quand elles sont accablées, heureuses pour des jours par le souvenir d’une parole, d’un regard, d’un sourire. Donner, me donner en aimant.» (6 avril 30)

Son attention à chacun se prolongeait bien au-delà de la rencontre. Marthe portait ses visiteurs dans la prière, elle intercédait pour eux et pour les intentions qu’on lui confiait. Quand elle disait «on va prier», elle y engageait tout son être.
Un membre de Foyer s’appuyait beaucoup sur la prière de Marthe. «Marthe, je vous appelle souvent, mais est-ce que vous m’entendez?». Elle lui a répondu: «Je ne sais pas si je vous entends toujours, mais je sais que je vous entends bien souvent.»

Ceux qui étaient loin n’étaient pas oubliés. Bien sûr elle les enveloppait de sa prière, mais elle les rejoignait très concrètement soit par les lettres qu’elle dictait, soit par les colis qu’elle ne cessait d’envoyer. Elle avait une affection particulière pour les missionnaires, les Foyers lointains et les prisonniers. Elle faisait mettre de côté tout ce qu’on lui offrait pour le redistribuer. 15 à 20 paquets par mois qui contenaient de tout: aussi bien des saucissons que des vêtements ou des bibles!
Que de joie ont apportée ces colis!

A travers son accueil, son écoute, sa prière, ses lettres, ses colis, Marthe témoignait de Celui qui vivait en elle. La grande richesse qu’elle voulait partager avant tout, c’était sa foi.
“Ce que je veux : aimer et faire aimer le Bon Dieu de tous ceux qui n’ont pas, comme moi, le bonheur de l’aimer.” (12 mars 30)
Elle a voulu les Foyers de Charité pour que Jésus soit mieux connu et mieux aimé.

La dimension essentielle de l’aumône de Marthe est à chercher plus profondément encore. A l’exemple de Celui qui s’est donné tout entier pour nous, elle s’est offerte elle-même pour sauver les âmes, petite hostie unie à l’offrande rédemptrice de Jésus. Elle veut rejoindre les âmes les plus oubliées, les pauvres et les petits. Rejoindre les âmes les plus loin de Dieu, les pécheurs. Rejoindre aussi les prêtres qu’elle aime tant.
“Que par mes souffrances, que par ma piété simple et profonde, par ma passion d’amour pour les âmes, par mon affectueuse tendresse, ma grande compassion pour les pécheurs, pour les pauvres, les petits, les malades, les incompris, les disgraciés, je réalise pleinement mon ardent et pieux désir de faire le bien, de le faire à tous, de les sauver tous, avec Dieu et par amour de Dieu.” (29 janvier 31)
Merci Marthe de nous montrer tous les visages de l’aumône et de nous aider à vivre ce Carême.

Où en suis-je dans mon détachement des richesses matérielles? Est-ce que j’arrive à partager mes ressources? mes biens?
Où en suis-je dans le renoncement à mon petit confort? Est-ce que je partage mon temps avec des personnes qui ne peuvent me rendre?
A qui est-ce que je ferme mon cœur? Quel partage avec les pauvres, les petits, les malades, les incompris, les disgraciés?
Est-ce que j’ai le désir de partager ce que j’ai de plus cher: ma foi et mon amour pour Jésus?
Est-ce que j’entends l’appel de Jésus à m’offrir moi-même?

(Marie-Françoise Vincent)